À l’instar des établissements scolaires du pays, la Haute école des arts du Rhin a fermé ses portes le 13 mars dernier. Malgré le confinement imposé par la pandémie du coronavirus, la vie pédagogique ne s’est pas arrêtée. Étudiant·e·s et enseignant·e·s maintiennent le lien grâce à différents outils.
Comment créer, garder contact, suivre des cours, accompagner ses étudiant·e·s, maintenir un suivi lorsque l’école est fermée et tout le monde à la maison ? Le confinement, en vigueur dans le pays depuis la mi-mars, a pris tout le monde de court. Pour autant, à la HEAR, la vie artistique et pédagogique se poursuit.
« L’ensemble du corps pédagogique, quelles que soient les options, a pris à bras le corps la nécessité d’assurer une continuité pour conserver le contact avec les étudiant·e·s et permettre un suivi pédagogique. » explique Christine Ritzenthaler, directrice des études.
« Même si l’on est dans l’incertitude et conscients que pour nombre d’étudiant·e·s la pratique au sein des ateliers demeure essentielle, l’investissement des enseignant·e·s permet de compenser partiellement ce manque en imaginant de nouveaux formats d’expérimentations et de pratiques. De plus, certains assistant·e·s, qui accompagnent d’ordinaire les étudiant·e·s dans la réalisation, trouvent de nouvelles manières de poursuivre le travail en mettant l’accent sur la préparation, voire la conceptualisation des créations en attendant une reprise de l’activité des ateliers » poursuit-elle.
Chaîne d’info et journal
Des étudiant·e·s du site d’arts plastiques de Strasbourg ont lancé Carantenne +, une chaîne d’info de direct sur YouTube, ouverte à tous et toutes. Deux fois par semaine à 18h (mercredi et dimanche), des productions vidéos ou bandes sonores y sont diffusées. “L’émission a été imaginée dans l’urgence de la situation, quelques jours avant le début du confinement. L’idée c’était de proposer un media dont tout le monde pourrait s’emparer, comme liant social et comme plateforme de diffusion. La chaîne est finalement devenue prétexte à de nouvelles créations !” explique Ninon Epalle, l’une des étudiantes à l’origine du projet.
D’autres ont opté pour le journal du confinement : Bouillons est un atelier de design durable créé par deux étudiantes et deux diplômées du site d’arts plastiques de Mulhouse. Éparpillées dans toute la France, elles ont lancé un journal de bord ,“pour trouver des moyens de rester en contact autrement” dans lequel on trouvera des expérimentations, créations, inspirations, processus de travail, tutoriels, etc.
Communication
Quant au suivi des cours, différents outils sont utilisés pour communiquer entre étudiant·e·s et l’équipe pédagogique : Skype, Whatsapp, Microsoft Teams, FaceTime ou encore Discord sont employés pour suivre aussi bien les cours théoriques que pratiques. Des cours de volume (ici et ici), infographie, théorie du design ou encore histoire de l’art sont donnés à Mulhouse. “Les étudiant·e·s sont motivé·e·s et actif·ve·s. Ça marche bien et c’est un bonne expérience” témoigne Thierry Ballmer, enseignant intervenant auprès des étudiant·e·s Design et Design textile.
Films
À Strasbourg, Discord est aussi privilégié par l’atelier de Communication graphique et le groupe pédagogique No Name. Le groupe La Fabrique propose quant à lui, sur la plateforme de visioconférences Jisti Meet, des rendez-vous hebdomadaires, individuels, à deux, à trois et pour tout le groupe avec une ouverture à tout·e étudiant·e qui souhaite y participer. Olivier Poncer et Olivier-Marc Nadel de l’atelier de Didactique visuelle ont de leur côté mis en place un cours en ligne de dessin de presse : “Chacune et chacun a dessiné à l’aide de Jamboard, le tableau blanc partagé de Google. Une séance jubilatoire et cathartique, une volée de messages partagés par les différents étudiants, avec générosité et acuité et intelligence” explique Olivier Poncer.
Dans le cadre du cours Art(s) of Everyday Life, Cyrille Brett, enseignant en histoire de l’art au sein du groupe No Name, propose le visionnage de deux films, Reminiscences of a Journey to Lithuania de Jonas Mekas et La Mer du milieu, de J.M. Chapoulie et N. Quintane, “pour tenter de les mettre en rapport, en [s’]attachant à être attentifs à tous les aspects relevant d’enjeux du quotidien et/ou d’une esthétique de la vie quotidienne engageant la démarche cinématographique”. Du côté du dessin, Bruno Carpentier a mis en place un “atelier du dessin” ouvert à tout le monde.
Le réseau social Instagram connaît un beau succès à l’école : l’atelier de Didactique visuelle propose sur son compte @didvis, aux étudiant·e·s et collègues d’envoyer une photo de la vue de leur fenêtre accompagnée du hashtag #amafenetre, “une inspiration partagée, un voyage en images par ces temps de confinement”. Nicolas Schneider a ouvert un compte à l’atelier moulage dans lequel il intervient. Enfin, les étudiant·e·s d’année 1 du site d’arts plastiques de Strasbourg publient sur le compte @annee1_hear chaque jour 3 images de travaux réalisés par la promotion.
NDLR : cette liste n’est pas exhaustive.