Lauréat de l’Académie de composition Philippe Manoury du Festival Musica en 2017, le jeune compositeur vient de passer un an à l’Ircam dans le cadre d’un partenariat que la HEAR a engagé avec l’Institut de recherche. Portrait.
Né en 1990, Antonio Tules s’initie au piano dès son plus jeune âge : « Je ne jouais pas ce qui était écrit sur la partition. L’envie d’improviser, de créer était là, très tôt », résume-t-il. Au fil des années, son horizon musical s’élargit sans cesse, que ce soit en jouant de la guitare électrique dans un groupe de rock dont il compose les morceaux ou en faisant une Licence de Musicologie.
Jeune talent
En 2011, il prend un virage décisif vers la composition, étudiant avec Thierry Blondeau au Conservatoire d’Aulnay sous-Bois, où il obtient son Diplôme d’Études Musicales (2015). Il poursuit sa formation à l’Académie supérieure de musique de Strasbourg avec Philippe Manoury et Daniel D’Adamo en composition instrumentale, ainsi qu’avec Tom Mays en composition électroacoustique. Et d’évoquer un « écosystème strasbourgeois très favorable pour un compositeur », notamment avec Musica où trois de ses pièces sont créées dans le cadre de différents concerts “Jeunes Talents“. En 2016, ce fut Dreaming Expanses, « œuvre acousmatique reflétant une volonté de créer des espaces sonores en perpétuelle évolution », puis en 2017 – année où il fut Lauréat de l’Académie de composition Philippe Manoury du festival – Temps libre, concerto pour violon dont le titre évoque « la manière dont est présenté le temps : une entité souveraine, exempte de linéarité, qui accélère, ralentit ou saute, comme une tête de lecture imaginaire qui aurait décidé de suivre ses envies. »
Enfin, en 2018 le public strasbourgeois put découvrir Neuf sur cinq où des « instruments éloignés, qui n’ont pas vocation à fusionner, vont se rencontrer, tenter de dialoguer et de former une “pâte” sonore homogène. » À l’image d’une autre de ses partitions, Recessive Sept (2017), Antonio Tules aime prendre un matériau préexistant – dans ce cas un accord de septième de dominante – pour l’altérer et le décontextualiser : « Comme je venais d’un monde extérieur à la musique savante, le rock, j’avais envie de récupérer, comme point de départ, des “éléments connotés” », résume-t-il.
Informatique musicale
Le jeune musicien a passé son année universitaire 2019 / 2020 à l’Ircam (Institut de Recherche et Coordination Acoustique / Musique), premier à bénéficier d’une convention passée avec la HEAR. « Dans le cas où un étudiant en composition en Master est admis au Cursus de composition et d’informatique musicale de l’Ircam (créé en 1990 sous la direction de Pierre Boulez, NDLR), l’année à l’Ircam sera validée par la HEAR comme une année complète d’études en Master », résume Daniel D’Adamo, professeur de la classe de composition à l’Académie supérieure de musique de Strasbourg – HEAR. Pour Antonio Tules, ce fut une « période très dense permettant de découvrir la richesse des outils de composition utilisant l’informatique musicale. J’étais devant une abondance de possibles au sein desquels il m’a fallu m’orienter. » Pour couronner ce cursus, a été créée Vallée (2020), page pour piano et électronique, à la confluence des ses préoccupations actuelles : « Je travaille sur la forme, sur des échelles de tension qu’on peut appliquer à différents paramètres, les hauteurs, l’espace, etc. », résume-t-il. L’avenir ? Il a décidé de prendre une année pour se poser et écrire, pour « réfléchir à l’état de [s]es recherches et imaginer les contours d’un projet qui aboutira, pourquoi pas, à intégrer le tout récent Doctorat Interprétation et création musicales de la HEAR ».
Hervé Lévy
(mise en ligne le 9 novembre 2020)