Raphaël Urwiller et Mayumi Otero forment le duo Icinori. Diplomé·es en 2010 et 2011 de l’atelier d’lllustration, les deux artistes jonglent entre des projets d’éditions jeunesse, d’illustrations pour la presse ou des expositions.

Mayumi Otero et Raphaël Urwiller se rencontrent lors de leur 2e et 3 année respective. « Nous utilisions toujours du noir et blanc dans nos projets personnels. Lorsque l’on a décidé de collaborer, on a travaillé la couleur » se souvient Raphaël Urwiller. Le duo édite rapidement un premier livre entièrement sérigraphié en 32 passages, « on dessinait la nuit, on imprimait le jour, dans une forme de frénésie ! »

Sérigraphie

« Nous avons mis les pieds dans la porte de beaucoup d’ateliers de l’école, aussi bien en art, bijou, livre ou graphisme, on s’est littéralement incrusté·es dans tous les workshops possibles, qui n’avaient souvent rien à voir avec l’illustration. On a pu rencontrer et discuter avec énormément de personnes aux pratiques différentes » explique le duo. Extrêmement proactif durant leur scolarité à la HEAR, Icinori édite plusieurs ouvrages qui se font rapidement remarquer dans le milieu de l’édition. « Nos livres sont tombés dans les bonnes mains » souligne Mayumi Otero, « il y avait peu d’éditions sérigraphiées à la fin des années 2000, nous avions fait cela pour être différents, nous étions un peu des ovnis. Nos livres se sont diffusés auprès des professionnel·les, ça a probablement fait parler de nous ! »

Livre jeunesse

Depuis leur rencontre, ce sont près d’une dizaine de livres jeunesse que le duo d’illustrateur·ices a créés, édités entre autres par Actes Sud ou Albin Michel. « L’un des membres du jury de diplôme m’a dit que je ne serai jamais capable de produire un album jeunesse, je l’ai pris comme un défi » se souvient, amusé, Raphaël Urwiller. Défi brillamment relevé car plusieurs ouvrages du binôme sont primés à la Foire du livre de jeunesse de Bologne (ndlr: le plus important salon international consacré à la littérature pour la jeunesse).

Séoul

En plus de l’édition, Icinori travaille pour la presse : Le Monde, New York Times, Les Inrocks, La Vie, Forbes, XXI, Le Tigre, le New Yorker, Canal +ou encore Wired font appel à eux. « On a un drôle de parcours, on avoue n’avoir jamais démarché … On nous est tombé·es dessus grâce à nos livres expérimentaux ! » explique Icinori. Mayumi Otero et Raphaël Urwiller sont également approché·es par le luxe : en 2019, Louis Vuitton les invite à réaliser un travel book sur Séoul, ville dans laquelle Icinori a plusieurs fois voyagé. Le duo réalise un ouvrage de 160 pages truffées de détails de ce qui fait battre le cœur de la ville : le tempo de l’habitant, la rue en mouvement, les festivals, les commerçants, les salons de chirurgie esthétique, la street food, etc.

Résidence

Les prochains mois seront chargés pour Icinori : le deux illustrateur·ices sont en train de finaliser une collection de tissu d’ameublement de luxe pour la marque italienne Dedar qui aura pour thème… l’après-Covid. Le duo prépare également une exposition à la Galerie Martel, « c’est un lieu très important pour nous, nous sommes très inquiets, nous en rêvons toutes les nuits ! », avoue Raphaël Urwiller en riant. Icinori sera également en résidence pendant 3 mois au studio Fotokino (Marseille) pour réaliser un nouveau livre jeunesse.

Expérimenter

Au vu de leur parcours si riche, nous ne pouvons pas finir cet entretien joyeux sans glaner quelques conseils pour les étudiant·es. La réponse fuse « occupez-vous de l’administratif le plus rapidement possible pour vous dégager du temps de création ! D’autre part, c’est important d’être proactif et d’expérimenter un maximum quand on est à l’école et que les ateliers sont accessibles. Et il faut absolument exprimer sa singularité, être unique avant d’être bon ! » conclut Icinori.

Charlotte Staub


Site web : icinori.com
Instagram : @_icinori