Depuis trois ans, un speed dating d’un genre nouveau est organisé à Strasbourg. Son objectif ? Favoriser les rencontres entre les élèves des classes d’instruments et ceux des classes de composition de la HEAR.
L’idée vient d’un constat dressé il y a quelques années par Daniel D’Adamo : « Il est difficile de mettre les élèves compositeurs en relation avec leurs camarades instrumentistes. Chacun est en effet absorbé dans son projet ». Avec Gilles Oltz (Conseiller aux études supérieures), le professeur de la classe de composition a alors l’idée d’un speed dating transversal rassemblant instrumentistes, compositeurs et étudiant·es de la classe de création électroacoustique de Tom Mays, auxquels sont adjoints les doctorants en interprétation et création musicales et les élèves de la classe de composition du Conservatoire.
Espace de rencontre
Pour lui, il est impératif de créer un « espace de rencontre avec une temporalité déterminée. Quelque chose de rapide, où chacun est libre de venir, ou non. Les participants se présentent brièvement. Les envies peuvent ensuite se croiser, les projets éclore, pour se développer au sein de l’École ou en dehors. L’enjeu majeur est en effet de créer un “possible”. Un compositeur, par exemple, souhaitant écrire pour les cuivres peut y faire la connaissance de trompettistes ou de tubistes. Un trio ou un quatuor à cordes en quête de nouvelles sonorités a la possibilité de découvrir celui qui va les imaginer pour lui. Ce sont des moments privilégiés », résume-t-il.
Étincelle
Il s’agit de faire naître une étincelle qui aboutira à un travail commun et une recherche sonore partagée, générant des allers-retours créatifs : « Pour le compositeur, il est essentiel de comprendre la technique de jeu de certains instruments qu’il ne connaît pas forcément. Et réciproquement, il est irremplaçable pour l’interprète de parler avec l’auteur d’une musique, de voir comment la partition évolue au fur et à mesure, comment des interactions sont envisageables. Les deux démarches se nourrissent l’une, l’autre », explique Daniel D’Adamo.
Compagnonnages
Certains compagnonnages artistiques sur le long terme sont déjà nés de ces instants partagés, comme celui unissant Daisy Dugardin au compositeur Nicolás Medero Larrosa : la clarinettiste est du reste entrée en Master au Conservatoire National Supérieur Musique et Danse de Lyon avec une pièce écrite à Strasbourg par son complice. Mentionnons aussi le lien tissé entre les cinq musiciennes de l’atypique Ensemble Intercolor (cymbalum, violon, accordéon, saxophone et clarinette) – dont le répertoire navigue entre musique contemporaine et musique ancienne vocale – et le compositeur Antonio Tules qui vient d’achever son cursus à l’Ircam.
Hervé Lévy
(Mis en ligne le 2 octobre 2020)