Diplômée en 2015 d’un DNSEP Illustration, Flore Chemin partage son temps entre la réalisation d’ouvrages illustrés, la participation à des revues collaboratives et des travaux de commande, comme récemment le Guide du Fooding 2023 ou des pochettes d’albums de groupes rock. Son actualité du moment, c’est la sortie de « la Planète en colère », un ouvrage singulier, réalisé à quatre mains avec son frère Damien, soutenu par la Bourse du multiple Louise Desrosiers 2020.
Sa pratique oscille entre la peinture et le dessin. Son parcours à la Hear s’est construit entre Art et Illustration. Cette ambivalence donne à la production de Flore Chemin un caractère inclassable, qui la pousse à se définir comme dessinatrice. Elle aime varier les supports, passant aisément du papier, à la toile, au bois ou même aux carreaux de céramique. Sa pratique, inspirée de l’art brut, naïf ou populaire, est très expérimentale, spontanée. « Je ne fais pas de musique, mais j’ai l’impression de travailler un peu à la façon d’une musicienne, qui improvise une mélodie. » L’absence, la mort, les fantômes et le deuil hantent ses œuvres, symbolisés par le recouvrement ou la censure d’images. A côté de ces peintures abstraites, elle dessine aussi des paysages torturés ou ruisselants avec une étonnante palette de couleurs. « J’aime accoler des matériaux qui a priori n’ont rien à faire ensemble : de la BD et de la peinture, de l’abstraction et de la figuration. » Une démarche parfaitement illustrée par son projet primé par la Bourse du multiple Louise Desrosiers.
Eléments déclencheurs
« La pratique de mon frère, atteint de trisomie, qui recopie des livres entiers dans des cahiers d’écolier, m’a toujours fascinée. C’est une forme d’art brut mêlé d’inspirations cataclysmiques, traversé d’ouragans et de catastrophes naturelles… ». A sa sortie de l’école, elle réfléchit à associer ses peintures à elle et ses textes à lui, dans un récit familial. « Mes paysages décharnés, mes humains enfermés et déformés me semblaient en totale résonance avec ses écrits. » Elle présente au festival d’Angoulême un prototype de cet objet non identifié, qui retient l’attention du public et décide de présenter le projet au concours de la Bourse du multiple Louise Desrosiers : « pour réaliser une microédition et fournir à mon frère le matériel pour se constituer un petit atelier où s’adonner à son art. »
Lauréate de la bourse en 2020, elle enrichit le projet avec son frère, « cette réécriture du réel a renforcé notre lien », avant d’être stoppés par la pandémie. « Le temps s’est dilaté, j’ai pris conscience de la nécessité de travailler avec un éditeur pour faire aboutir le projet et ne pas me retrouver porte-parole de cet ouvrage collectif. » La maison d’édition Pan, avec qui elle collabore depuis des années pour sa revue littéraire, lui apporte son savoir-faire pour finaliser l’objet, en parler, le présenter. « La Bourse a été un bon soutien et un vrai déclencheur ! »
La force du collectif
Au sortir de l’école, Flore anime des cours et des ateliers dans des centres d’art parisiens, pour vivre et faire évoluer sa pratique, toujours plus libre et plus mature. Elle collabore à des revues collectives (revue Pan, Jeff Klak, Bien Monsieur, Gros Gris ou encore Lagon …), peaufine sa pratique narrative, selon un processus qui crée d’abord des images sur lesquelles les écrivains ou elle-même posent les histoires. « Je fais des dessins qui parfois terminent dans un livre, parfois au mur, parfois dans une installation. C’est toujours dans un deuxième temps que je comprends ce que je vais en faire » résume-t-elle modestement. Petit à petit, les commandes se font plus conséquentes, elle signe l’habillage du Théâtre de Rungis avant sa rénovation. Mais c’est en s’insérant dans le monde bouillonnant de la microédition, notamment le festival Fanzines ! qu’elle étend son réseau. « C’est formateur de monter des événements et de présenter le travail des autres. Être de l’autre côté est à la fois nourrissant et rassurant. »
Un besoin de rassurance qui semble le lot de bien des anciens de l’école. « Après le diplôme, on se lance dans une frénésie de candidatures, on envoie son book partout, on postule à toutes les résidences… Avec le recul, je pense qu’il faut se faire confiance, solidifier d’abord une production sincère et capitaliser sur le temps long ». Le réseau de l’école aide à bien vivre ce moment charnière. « Il apporte une dynamique dans un milieu professionnel singulier, il faut voir le réseau comme une fabrique d’occasions multiples. » Depuis 2 ans, Flore a rejoint le collectif d’artistes et d’artisans « La Calade » en Corrèze, une fabrique de culture qui propose des ateliers, des concerts et l’Oasis, une résidence estivale pour une dizaine d’artistes. Un espace de liberté, de création et de vie partagée qui assouvit sa soif de collectif et renouvelle son inspiration.
Actualités
– Réalisation de l’identité visuelle du groupe de rock psychédélique Brama
– Illustration du recueil de poésie « Brum’hair « pour Roto Luxpress
– Performance dessinée dans les jardins de l’atelier Cézanne, à Aix-en-Provence dans le cadre des rencontres du 9e art.
– Éditions régulières avec le Studio Fidèle
– Expositions à Ath en Belgique en septembre 2023 et à la Galerie Tator à Lyon en novembre 2023
Calendrier – Bourse du multiple Louise Desrosiers 2023
– Date limite d’envoi du dossier :
lundi 5 juin 2023 à minuit – Présentation des projets présélectionnés devant le jury :
vendredi 30 juin 2023 à Strasbourg à l’occasion du week-end des diplômes
Télécharger le règlement 2023
La Bourse du multiple Louise Desrosiers 2023
Corinne Maix – Mis en ligne le 22 mars 2023