La force de frappe de Clément Losco : timbalier co-soliste jouant la percussion à l’Orchestre philharmonique de Strasbourg, il revient sur son parcours qui l’a mené à la HEAR, il y a quelques années.
La musique ? Elle est le bain dans lequel grandit Clément Losco (né en 1992) à Nice. Il est vrai que ses parents sont du métier. Inscrit au Conservatoire de la cité azuréenne très jeune, il découvre les percussions dans la classe d’éveil, émerveillé : « Il y avait cette grande salle et ces instruments par dizaines, tous différents. Des “grands” m’ont mis des baguettes dans les mains. La séduction a été immédiate. Les couleurs, les sonorités, les possibilités rythmiques : tout me plaisait. » Il suit un cursus à Nice, jusqu’au DEM, marqué par des professeurs comme Christian Hamouy – « Il m’a ouvert au répertoire contemporain et m’a beaucoup fait travailler sur les claviers » – ou Philippe Serra, timbalier solo de l’Orchestre philharmonique de Nice qui « m’a fait goûter aux percussions d’orchestre, m’aidant aussi à corriger mes lacunes techniques sur les peaux. C’est aussi lui qui m’a donné le goût des timbales qui s’est prolongé avec François Desforges au Conservatoire de Créteil où je me suis perfectionné pendant deux ans », résume-t-il. En banlieue parisienne, il est aussi marqué par l’enseignement de Nicolas Martynciow, « le king de la caisse claire en France ». Arrivant à Strasbourg – Licence / DNSPM en 2017, puis Master en 2019 – il a pour professeurs Emmanuel Séjourné, (claviers), Denis Riedinger (timbales) et Stephan Fougeroux (caisse claire) : « Mes années à l’Académie supérieure de musique ont été décisives. Tout ce qui s’était accumulé, stratifié, auparavant s’est en quelque sorte exprimé. La HEAR a constitué un beau coup d’accélérateur dans la digestion du répertoire. C’était un cursus d’une grande densité, extrêmement riche et exigeant, qui nous menait sur tous les fronts. »
À peine sorti, Clément Losco réussit le concours de “Timbalier co-soliste jouant la percussion” à l’OPS, en novembre 2019. Et de décrire le rôle essentiel du timbalier, ce « miroir du chef d’orchestre, puisqu’on est en face de lui. Il y a des moments clefs dans un concert au niveau de la ponctuation musicale, où on doit remettre les choses d’équerre (rires). Notre rôle est alors, en quelque sorte, de stabiliser l’ensemble par l’arrière, tandis que le chef impulse devant. Notre fonction s’apparente à celle du gardien de but sur un terrain de football. » Et de rajouter : « Le timbalier cumule de nombreux rôles : soutien des cuivres, accompagnateur des basses ou encore rythmicien qui impulse l’ensemble. De plus, nous avons le plus beau poste d’observation qui soit, permettant de voir comment “fonctionne” l’ensemble », explique-t-il, rappelant le remarquable ouvrage de François Dupin (qui fut longtemps soliste à l’Orchestre de Paris), L’Orchestre nu (Hachette, 1981).
Si les œuvres symphoniques de prédilection de Clément Losco sont post-romantiques (de Richard Strauss à Tchaïkovski, en passant par Wagner), il est aussi passionné de musique de chambre. Il joue ainsi parfois avec ses amis des Percussions de Strasbourg et avait créé avec deux autres étudiants de la HEAR – Clarissa Imperatore et Thomas Ganzoinat – le Trio Koremos : « Nous explorions un spectre très large allant d’arrangements de pièces baroques à des spectacles mêlant musique et théâtre, en passant par les grands classiques pour percussions », résume-t-il. Depuis, le trio s’est fait quatuor – son collègue Grégory Massat s’étant joint à eux – et s’est fondu dans le No Limit Orchestra : « Avec le No Limit Percussion Quartet, nous jouons des arrangements de bandes-son de jeu vidéo pour un public nouveau. On espère attirer de nombreux geeks dans les salles de concert », conclut-il.
Hervé Lévy • Publié le 1er juin 2022