Une quinzaine d’étudiant·es en 4e année de Didactique Visuelle ont travaillé avec Digora, entreprise spécialisée dans la collecte et le traitement des données. L’envie de rendre visible l’invisible data a été le fil conducteur de cette collaboration entre deux univers technique et artistique, qui ont su partager leurs connaissances et leurs compétences pour questionner l’impact et les usages de nos données numériques.
Ce premier partenariat entre la HEAR et Digora est né de l’idée de Gilles Knoery, fondateur de l’entreprise de services numériques, de créer un lien entre la data et sa visualisation. « Nous sommes soucieux d’être un acteur numérique écoresponsable, encore faut-il mesurer et visualiser nos impacts pour les améliorer. Travailler avec des étudiant·es d’une école d’art nous fait sortir de notre zone de confort très technique, et l’appropriation du sujet par les étudiant·es est impressionnante ! »
Deux univers qui se rencontrent
Durant trois séances de travail, quatre chefs de projet de Digora, ont expliqué aux étudiant·es les composants d’un système d’information et les datas. Pour rendre l’invisible plus concret, deux sujets ont été particulièrement creusés : la sécurité des données collectées par nos usages numériques et leur impact environnemental. Pour Aurélie Gasche, l’enseignante en Didactique Visuelle qui a conduit ce projet, « il est du rôle du designer de s’intéresser aux problématiques environnementales, techniques et sociales. C’est le début d’une collaboration qui pourrait évoluer sur d’autres thèmes de datavisualisation.» En binôme ou par trois, les étudiant·es ont choisi un sujet et créé des affiches toutes différentes pour interpeller, faire prendre conscience, rendre vigilant aux conséquences de nos usages numériques.
Rendre visible l’invisible
Un même flux de données peut être interprété et exposé de plusieurs façons : le trajet numérique d’un email, le fonctionnement des algorithmes de Google, l’utilisation des big data à des fins politiques… « Nous avons multiplié les recherches personnelles pour trouver des informations fiables sur ces sujets cachés. Les échanges avec les professionnels nous ont bien aidées pour valider ces sources et ces données » expliquent deux étudiantes. Ensuite, chacun s’est emparé de son sujet à sa manière, pour structurer l’information selon sa sensibilité et pour représenter ses découvertes de façon très graphique, parfois ironique, par une narration sous forme de BD, une illustration enrichie d’informations, des pictos interactifs à scanner….
Des idées à essaimer
Invités à la présentation finale de ces travaux d’étudiant·es, les collaborateurs et le directeur de Digora se sont montrés enthousiastes. « Ces créations très pertinentes nous parlent énormément, car nous avons un rôle à jouer pour faire changer les comportements ! » Un affichage de ces productions est d’ores et déjà envisagé dans l’entreprise, mais aussi une diffusion auprès du syndicat des professionnels du numérique Numéum et de l’initiative Planet Tech’Care. « Aujourd’hui, nous avons conscience de la nécessité d’ouvrir nos recrutements à d’autres profils. La sensibilité et la culture de professionnels du design aident à visualiser ce qui ne se voit pas. » Il existe des passerelles entre le technique et l’artistique, entre la data et sa visualisation, pour que les choses complexes ne le restent pas.
Corinne Maix • Restitution du projet du 21 janvier 2022, HEAR – Auditorium
• Mis en ligne le 27 janvier 2022
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Visuels : affiches réalisées par les étudiant·es participant au projet
1 à gauche : « Psychotest : Ce que Google pense de nous » de Cécile Venet et Léa Moissette
1 à droite : « Le trajet d’un email jusqu’au bureau voisin » de Clarisse Baron, Bérénice Vialard
2 à gauche : « La pollution numérique des usages digitaux » d’Agathe Meunier et Emmanuelle Rautureau
2 à droite : « Caché/révélé : l’impact écologique de la data en BD » d’Ines Blanchard, Lola-Mona Lugand et Mathilde Legrand
3 à gauche : « Big data et les élections » de Sarah De Oliveira
3 à droite : « Data et messages instantanés » de Pauline Lucas-Hebrard, Philippine Talamona et Rémi Brimbœuf