Artiste pluriel, diplômé en musique improvisée/contrebasse, Stéphane Clor a poursuivi ensuite une formation de plasticien à l’université des arts appliqués de Vienne. Aujourd’hui installé à Mulhouse, il oscille à la frontière entre les pratiques musicales et plastiques, de concerts en installations, et aime brouiller les pistes. Rencontre avec un artiste aux multiples visages.

Pourquoi choisir entre musicien et plasticien lorsque l’on peut faire les deux ? Le parcours de Stéphane Clor en est témoin : il commence par intégrer le Conservatoire de Strasbourg et obtient un DEM en 2011. Il poursuit ensuite à l’Académie supérieure de musique de Strasbourg–HEAR où il décroche en 2013 son DNSPM en Jazz et musiques improvisées. “Je voulais étendre ma pratique artistique et expérimenter de nouvelles choses, j’ai postulé sur un coup de tête à l’Université des arts appliqués de Vienne (Universität für angewandte Kunst) !” raconte Stéphane Clor. Il sort de là-bas avec un Master en arts (TransArts).

Scène mulhousienne

Après un passage à Leipzig, il revient en Alsace et plus précisément à Mulhouse pour rejoindre la scène musicale alsacienne. Stéphane Clor intègre alors un atelier à motoco en 2018, au sein de la friche industrielle DMC. “Quand je suis arrivé à Mulhouse, on m’a beaucoup parlé de ce lieu qui était en restructuration et qui regroupait un grand nombre d’artistes. Je me suis dit que ça ne pouvait qu’être intéressant pour découvrir la scène mulhousienne, et effectivement ça a été le cas ! Une belle diversité de personnes et beaucoup d’énergie!” explique-t-il.

Travail coopératif

Suite à une discussion avec un ami musicien avec lequel il se questionne sur le travail coopératif entre les musiciens, Stéphane Clor lance Dreieck Interferences Ensemble, qui a “pour but d’expérimenter la musique au sien d’un grand ensemble dans des formes de compositions et d’improvisations collectives.” Cet ensemble à dimension variable regroupe des musicien·ne·s issu·e·s de la scène expérimentale, basé·e·s pour la plupart dans l’est de la France. Dès le départ, l’ensemble est soutenu par le festival Météo (NDLR: festival de musiques improvisées se tenant à Mulhouse au mois d’août) : “Mathieu Schoenahl, le directeur du festival, avait envie de soutenir cette initiative collective et locale”, explique Stéphane Clor.

Compilation

Depuis le début du confinement lié à la crise sanitaire du Covid-19, Dreieck Interferences publie chaque semaine une compilation. “J’ai voulu proposer un rendez-vous hebdomadaire ludique, avec une simple envie de partager durant cette période particulière.” Demain, dehors, folie, mutation, à chaque semaine un sujet de compilation différent ! Après six compilations, Stéphane Clor se sent presque dépassé !‘”L’idée de collaboration est allée beaucoup plus loin que je ne pouvais l’imaginer. Les participants étaient très enthousiastes de se découvrir en collaborant à distance et ça a aboutit à des choses superbes” explique le musicien,“ce n’était pas gagné d’avance car beaucoup ne se connaissent pas ! Il y a une base de personnes qui ont participé au début de Dreieck Interférences mais beaucoup d’autres musicien·nes de la région et d’ailleurs ont afflué, soit invités, soit de leurs propres propositions. Tous ces musicien·nes ont apporté beaucoup de diversité dans le terme “expérimental” qui ne se résume pas ici à un style mais à une attitude créative!”

Suite

La suite, Stéphane Clor l’a déjà prévue : “La dernière compilation sortira le 10 mai et sera par la suite éditée par le collectif ödl à Mulhouse. Ça permettra de mettre un point d’orgue à cette série. J’envisage beaucoup d’autres projets de compilations, de labos et d’actions artistiques pour le Dreieck Interférences. Ça vient souvent au fur et à mesure des rencontres et des envies. Pour un projet qui n’a pas encore un an il s’est déjà passé énormément de choses mais je suis sûr que ce n’est qu’un début !” conclut le musicien.

Charlotte Staub


Les compilations du Dreieck Interferences Ensemble
Le site internet de Stéphane Clor