Marion Schutz vient d’achever une résidence au FRAC Lorraine à Metz où elle a passé 2 mois et demi. Attachée aux questionnements autour de l’existence humaine, elle y a développé des projets imaginés lors de son passage à la HEAR à Mulhouse. Rencontre.
Marion Schutz entame une histoire avec la HEAR à Mulhouse — alors le Quai — bien avant son admission à l’école. Originaire du Sud de la France, la jeune femme venait rendre visite à sa grand-mère installée dans le Haut-Rhin. « Elle m’amenait tous les ans à l’exposition des diplômes qui se déroulait au Musée des Beaux-arts, à DMC ou à la Kunsthalle », se souvient Marion, « j’ai rencontré et discuté avec beaucoup d’étudiants de l’école, j’ai été attirée par l’énergie alternative et expérimentale qui semblait se dégager de l’école ». Elle passe le concours d’entrée et débarque au Quai en 2010 avec l’idée d’intégrer l’option Design graphique « pour ses débouchées professionnelles ». Mais bien sûr, rien ne se passe comme prévu.
Existence humaine
La jeune femme expérimente le volume, la gravure. Elle se sert d’abord de matériaux classiques, puis sa curiosité la conduit à créer à partir de matières organiques. Elle réalise une série de gravure avec des peaux de lièvre. « J’arpentais les étals du marché, j’achetais des abats pour les travailler, je voulais figer la décomposition », explique Marion Schutz. Après de nombreuses expérimentations avec cette matière singulière, elle formule son intérêt pour la manière dont la mort conditionne l’existence humaine. De ces années au Quai/HEAR Mulhouse, elle produit notamment Azul Noce qui reçoit le Prix Kunstart de la Fondation François Schneider et NECROPOLIS, une ville miniaturisée, qu’elle exposera par la suite à Strasbourg à l’Ososphère.
Sa résidence au FRAC Lorraine constitue une étape dans sa vie d’artiste. « J’ai compris qu’il y avait d’autres choses qui conditionnaient l’existence humaine, comme l’amour, le désir, la temporalité, le hasard » explique Marion Schutz Elle y apporte huit projets qu’elle a imaginé à l’école, puis sélectionne avec l’équipe du FRAC deux œuvres spécifiques : CRASH TEST et BDSM SHOW. Elle collabore avec une amie designer–styliste et s’associe à un artiste sonore pour la première, échange avec des chorégraphes, dramaturges et philosophes pour la seconde.
Soutien du FRAC Lorraine
A Metz, elle travaille également avec le Centre Pompidou–Metz qui lui met à disposition ses archives et notamment des documents sur Oskar Schlemmer, figure du Bauhaus. « Cette résidence de recherche au FRAC Lorraine était une expérience artistique et humaine magnifique, et m’a permis de valoriser mon travail et ma condition d’artiste », s’enthousiasme Marion Schutz. Véritable coup de foudre artistique et professionnelle, le Fonds régional Lorraine soutient aujourd’hui la jeune artiste, et contribue à la réalisation de son travail artistique.
À son retour à Mulhouse, elle entreprend un nouveau travail dans une fonderie d’art de l’agglomération mulhousienne, Strassacker, et y occupe le poste de mouleuse, cireuse, patineuse. L’atelier y réalise notamment des sculptures en bronze pour Tatiana Trouvé et Erwin Wurm, ou bien encore des reproductions d’oeuvres de Rodin, Modigliani, et Magritte.
Elle affirme avec fierté que c’est grâce à son apprentissage à l’école qu’elle a pu décrocher ce travail, « je peux remercier Olivier Létang, assistant volume à la HEAR, grâce à qui j’ai pu candidater à ce poste et être prise ! », confie-t-elle, « j’ai appris des techniques qui me servent au quotidien ». Cette nouvelle étape professionnelle permet aujourd’hui à la jeune artiste de développer son travail plastique sereinement et dans des conditions optimales.
Charlotte Staub
(mis en ligne le 08. 06. 2018)