Mulhouse, HEAR

Image et corps, de Deleuze à Preciado : Libération du corps et de l’image avec deux visions philosophiques , cette réflexion interroge les rapports entre corps, image et émancipation à travers les pensées de deux philosophes. En renouvelant les cadres théoriques et en s’attaquant aux normes établies, ils ouvrent des voies nouvelles pour penser la liberté et la transformation des subjectivités. À l’invitation de Jérôme Game.

Cette intervention au titre ambitieux, qui embrasse un immense champ d’étude, s’en tiendra à présenter la façon dont deux philosophes promeuvent des processus de subjectivation libérateurs par des renouvellements de la pensée des rapports entre image et corps. Dans les années 1970-1980, Gilles Deleuze défend l’idée que la conquête d’une vie intense et libre passe par la fabrication d’un « corps sans organes », c’est-à-dire par l’adoption d’une modalité d’existence hostile à toutes les formes d’organisations imposées et rigides, tant psychiques que corporelles. Deleuze voit dans l’œuvre d’Antonin Artaud, ainsi que dans la peinture de Francis Bacon ou dans le cinéma de Jean-Luc Godard, des explorations artistiques de cette corporéité anarchiste. Depuis les années 2000, Paul B. Preciado défend quant à lui une émancipation du corps qui passe par une analyse critique des dispositifs de savoir-pouvoir qui nous façonnent. Comme le montre son film Orlando, ma biographie politique (2022), lutter contre les images normatives et les regards binaires suppose d’opérer, comme un chirurgien, l’histoire politique et son régime de la différence sexuelle. Dans une filiation deleuzienne, mais aussi en approfondissant de façon fine et percutante les pensées de Michel Foucault et Judith Butler, Preciado en appelle ainsi aujourd’hui à des refontes épistémologiques permettant de véritablement porter atteinte de la matrice hétérocispatriarcale qui violente la vie et ses aspirations aux métamorphoses.

Judith Michalet est maîtresse de conférences en esthétique et philosophie de l’art à l’École des Arts de la Sorbonne – Université Paris 1. Ses travaux et recherches portent sur la philosophie et l’esthétique de Gilles Deleuze, le poststructuralisme, les mises en jeu de l’altérité dans les pratiques documentaires, les rapports entre psychanalyse et pensées critiques contemporaines, les œuvres questionnant les relations entre infrastructure et idéologie à l’ère numérique. Elle est l’autrice de Deleuze, penseur de l’image (Presses Universitaires de Vincennes, 2020).


— Mercredi 04 décembre 2024 à 10h
HEAR, Amphithéâtre
3, Quai des Pêcheurs à Mulhouse
Entrée libre