Hors-Format
Le groupe Art Hors-Format est composé d’artistes-professeurs, de théoriciens, d’artistes invités et d’étudiants. Ensemble, ils analysent et construisent des manifestations artistiques qui ne sont pas véritablement immatérielles, mais sont difficilement mesurables en cm ou en kg. Ce groupe se construit, se déconstruit et se reconstruit chaque année depuis plus de quinze ans pour expérimenter des modes de création, de transmission et d’analyse de l’instabilité. Dans les arts Hors-Format, le temps, l’espace, l’image, le texte, le son, le corps et les rapports à la technologie sont pris comme des matériaux malléables.
Les attitudes et les œuvres Hors-Format sont consciemment actualisées en fonction des environnements techniques, sociaux, économiques, thématiques et/ou physiques, donnés ou construits, afin de les renforcer, de les détourner ou de les combattre. Dans les réalisations Hors-Format, la présence du spectateur est au cœur du projet et va de pair avec la problématisation consciente des circuits de production, de diffusion et de conservation.
Projet pédagogique
Nos formules d’enseignement sont attentives et critiques à l’évolution des techniques anciennes et l’émergence de nouveaux médias. Elles prennent aussi en compte l’évolution de la notion d’auteur (unique, pluriel…) et la relation avec des partenaires scientifiques, techniques ou issus de différents champs artistiques (danse, théâtre, musique, urbanisme, littérature, cinéma…). Il s’agit de déhiérarchiser le rapport aux catégories artistiques et aux savoirs pour tenter de nouvelles formes de création. Pour rester cohérent et vigilant avec «la contemporanéité », il nous semble indispensable de développer aujourd’hui un programme mouvant de propositions pédagogiques capables d’interroger et de répondre à quelques nécessités spécifiques des arts Hors Format :
Dans le champ théorique et critique
Développer une conscience historique, sociologique, anthropologique, et un regard critique aiguisé dans un terrain artistique où la « critique officielle » manque souvent au rendez-vous. Rester très attentif à la rapidité des bouleversements technologiques des temps présents et aux sens que ceci implique. Développer une attitude curieuse et critique à l’égard des nouvelles formes et lieux de sociabilité. Apprendre à réaliser de façon cohérente son propre archivage et le questionner en fonction du contexte de réception.
Dans le champ de l’attitude
Fortifier la notion de « réseau de collaborations » dans un terrain où le travail de l’artiste isolé n’a pas réellement cours. Être audacieux ; si nécessaire, nager à contre-courant tout en restant attentif aux autres.
Dans le champ de l’expérience
Renouveler nos pratiques dans une attention particulière portée aux processus, actions et formes issus de minorités et de marges, ainsi qu’aux expressions du quotidien en apparence les plus communes.
Dans le champ de la production
Apprendre à formuler des « projets » du point de vue conceptuel, technique et budgétaire.
Dans le champ de la technologie et de ses applications
Comprendre et apprendre des techniques à des rythmes différents, selon les exigences et les spécificités de chaque projet. Développer l’utilisation,le détournement et/ou l’invention des dispositifs techniques — parfois lourds ou sophistiqués — tout en élaborant une analyse critique pertinente quant aux objectifs.
Dans le champ de la mise à l’épreuve publique et de la contextualisation
Être conscient (dans l’ère de la diffusion via Internet) de pourquoi, quand, comment, où et à qui nous montrons « l’œuvre ». Être aussi conscient de la nécessité (ou pas) de disposer d’espaces ou de contextes spécifiques de « monstration », et de la nécessité, parfois, de les construire de toutes pièces. Pour les arts Hors Format, la nécessité d’expérimenter la présentation publique des œuvres est fondamentale, car la présence du spectateur est souvent constitutive de l’œuvre.
Dans le champ de la communicabilité des expériences
En raison de l’absence d’objets physiques arrêtés, apprendre à être très précis dans les intentions de façon à pouvoir traduire, documenter et/ou adapter de façon audacieuse des réalisations liées à un contexte souvent éphémère.
Une pédagogie collective
La dynamique de groupe est la clef de la pédagogie HF : elle nourrit les recherches des étudiants et développe l’esprit critique, en associant la théorie à la pratique, l’analyse à l’expérimentation, les débats d’idées aux confrontations d’expériences.
La semaine type Hors-Format comporte des temps de rencontre longs, pendant plusieurs heures d’affilée jusqu’à tard dans la soirée. Communs à tous les étudiants inscrits sans distinction de niveau d’études, ils offrent la possibilité de mettre l’accent sur la personnalité artistique de chacun, tout en permettant l’émergence de multiples modes d’interaction. L’effet de ces temps de dialogues, jamais consensuels, est très stimulant pour le partage des connaissances, la construction d’une mémoire commune et la prise de position et la construction d’une autonomie artistique individuelle. Dans le cadre de ces temps forts Hors-Format sont également inventés des « dispositifs de collectif », souvent audiovisuels, sonores et/ou performatifs avec présentations publiques ouvertes à toute l’école, des manifestations échelle 1/1 hors les murs, des programmations d’ordre festivalière… Les étudiants font ainsi l’expérience des réalités professionnelles dans lesquelles sont pris en compte tous les aspects de la création contemporaine (commissariat,commande, cahier des charges, invention de contextes, etc.).
Temps forts
• « CLoaca Maxima ». 2 jeudis par mois.
Les énergies produites individuellement par les participants à la journée « Cloaca Maxima » (enseignants inclus) seront mises en commun pour constituer un fonds de placement, parfois à haut risque, géré de façon collective. Exercices, commandes, entraînements, commentaires, traductions ou détournements seront le fait d’individus (non isolés) ou d’un groupe (non compacté). On se devra de cohabiter autant que de se combattre, se comprendre, se critiquer; d’être différents, mais solidaires.
• « Full HF ».1 jeudi par mois.
Il s’agit de travailler sur la base d’une pédagogie complexe et expérimentale durant de longues séances structurées avec des rythmes et contenus changeants. L’organisation des jours « FULL HF » sera établie à partir des discussions ouvertes sur une grille-programme présentée et commentée en octobre.
• « Atelier de Bricolage Théorétique ». 3 mercredis par mois.
Cet atelier propose d’aborder les articulations théorie/pratique dans toutes ses dimensions possibles : genres, formes et façons d’envisager l’écriture… Genres, formes et façons de référencer et contextualiser le travail personnel…
• « Atomisations — à distance — ». 1 jeudi par mois.
Atelier activé pour faire l’expérience du travail à distance dans le cadre du groupe de recherche HF. Apprendre à jouer, manipuler, performer, partager, archiver… sans être là.